Les interconnexions internationales : un secteur en pleine évolution
Il y a une dizaine d'années, le monde des exploitants de réseaux de transport européens croisait soudainement le chemin de la Commission de Bruxelles. Le 21 mai 1992, le Conseil des ministres européens de l'Énergie débattait de trois mesures proposées par la Commission visant à accroître l'efficacité économique d'ensemble du secteur électrique dans la Communauté :
— l'accès des tiers au réseau ;
— l'abrogation des droits exclusifs de production d'énergie et de construction des moyens de transport existant dans les législations nationales ;
— la séparation des activités de production, de distribution et de transport.
Il est instructif de se reporter à cette année 1992 pour mesurer quelle effervescence saisissait alors tout ce qui touchait aux réseaux électriques européens. À côté des questions soulevées par la Commission européenne, dont chacun essayait de peser les répercussions sur l'organisation et le fonctionnement des systèmes électriques, et à côté des interrogations sur le devenir de modèles inspirés du nouveau pool anglais, l'extension géographique de l'interconnexion synchrone était en plein débat. Alors que la zone européenne interconnectée en synchrone était restée relativement stable depuis 30 ans, la disparition du rideau de fer changeait complètement la donne. Les perspectives d'interconnexion de l'Est et de l'Ouest se dessinaient, et l'on pressentait aussi que le synchronisme pourrait s'étendre également rapidement vers le sud à travers le détroit de Gibraltar puis tout autour de la Méditerranée.
Note :
interconnexion synchrone signifie que les réseaux ont même fréquence et même tension. Une telle extension n'était pas sans poser de nombreux problèmes pratiques. En premier lieu, les perspectives d'interconnexion accrue s'ouvraient paradoxalement à un moment où il devenait extrêmement difficile de faire accepter la construction de nouvelles lignes de transport. En supposant cependant que de nouveaux ouvrages d'interconnexion puissent être construits, on cherchait aussi à en dessiner la meilleure structure : fallait-il s'appuyer sur un développement à l'identique du niveau de tension à 400 kV, ou plutôt entreprendre la construction d'un réseau européen à plus haute tension, pour lequel on trouvait à la fois des tenants de la solution à courant alternatif et de la solution à courant continu ?