Texte et questions
1- Identifiez les indices paratextuels que contient ce texte.
2- Relevez les phrases qui commencent par : un livre. Que constatez-vous
3- Que remplace « l’ » dans le mot souligné ?
4- Soulignez tous les termes en rapport avec le livre.
5- A qui s’adressent les deux dernières phrases du texte ?
6- Classez ce texte selon : le genre, le type, la fonction et l’intention de l’auteur
7- Réécrivez les deux dernières phrases en remplaçant « vous » par « nous ».
8- Le titre reflète-il le contenu du texte ? Justifiez votre réponse.
9- « Le livre est un outil de liberté ». Qu’en pensez-vous ?
« Le livre est inerte, il agit sur qui l’ouvre, mais il ne se fait pas ouvrir». Jean-Paul Sartre
L’Antidote
Un livre est un outil de liberté. Nous y découvrons la vie d'un autre, soit l'auteur, soit l'un des personnages créés, et nous l'examinons avec une bien autre insistance autre loyauté que la nôtre propre, et ainsi devenons-nous un peu autres nous-mêmes sans y prendre garde. Un livre est un objet devant soi, quelque chose sur quoi on peut réfléchir, à quoi on peut revenir, qu'on peut corriger, contredire, discuter, quelque chose qu'on juge. Les images, les sons passent aussi vite que les moments successifs de la vie. Un écrit, un livre reste. Il faut devant lui dire oui ou non. Il fallait autrefois, pour former un homme, le tirer de son silence et lui faire entendre le chant du monde autour du lui. Il faut peut-être autant aujourd'hui le ramener à son silence, le sauver du bruit et le reconduire à la solitude. Un livre est une conversation et tout ensemble cependant un exercice de solitude. Je veux ici écarter l'anecdote tout personnelle, mais je repense souvent à ces nuits de mon adolescence, durant lesquelles je me battais avec le destin et découvrais dans les livres ce que pouvait être une vie libre par opposition à celle que je subissais. Lit-on un grand roman? On s'identifie à son héros. On y vit par procuration. Et cela devient plus conscient, et vient le moment où on ne lit plus pour aucun intérêt, pour aucun profit, rien que pour «admirer », en toute gratuité et dans une joie indéfinissable, au-delà de soi-même. Dès lors, on devient de plus en plus difficile. On ne supporte plus les fantômes d'auteurs, les fantômes d'ouvrages. Mais un vrai livre est devenu la chose la plus précieuse. Un homme vous parle et il vous semble qu'il dise précisément ce que vous attendiez, ce que vous vouliez dire mais n'auriez jamais su dire. C'est tout simple et
merveilleusement étrange. Ces mots, qui sont aussi vos mots, comme par l'effet
d'un charme, sont doués soudain d'un nouveau pouvoir, et vous êtes
curieusement débarrassé de vous-même et devenu un autre, plus fin, plus
délicat, plus profond que vous-même. Vous êtes dans le monde où vous aimeriez
vivre, mais vous n'aviez jamais imaginé qu'il pût être si beau. Jean NGUÉHENNO, Carnets du vieil écrivain, Céd.XGrasset, 1971
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