LA LITTERATURE MAGHREBINE DURANT LA PERIODE COLONIALE
I.1 Facteurs culturels
L’indigène maghrébin n’a pas attendu les années quarante pour se mettre à écrire en langue française. Une première génération d’autochtones a été encouragée à écrire dans la langue du colonisateur. Cette génération est très mal connue car ses productions littéraires posent le problème de l’authenticité. En effet, beaucoup de romans de la première génération sont le résultat d’une écriture mixte où se mêlent le discours de l’écrivain indigène et aussi celui du correcteur français (àl’exemple de Randeau et de Charlot).
Nous pouvons ajouter à ce facteur purement littéraire et éditorial, un autre qui semblerait être plus pertinent. Il s’agit tout simplement de la réussite de l’œuvre scolaire française. Tous les auteurs maghrébins de cette époque, malgré la différence sociale, communautaire, religieuse,…, sont en un mot le pur produit de l’école française, et de la politique de scolarisation des indigènes. C’est ce qui explique que cette filiation se retrouve dans tous les textes de cette période.
De plus l’Ecole d’Alger, active entre 1935 et 1950 sous l’égide d’Emmanuel Roblès ne se contente pas du goût de la confession et de la plaidoirie du culte de l’image et de la lumière. Même en suivant fidèlement le réalisme classique de Balzac et de Flaubert, ils s’en détachent quand même dans la mesure où ils prennent conscience du problème algérien. En s’engageant aux côtés des souffrances humaines, ils atteignent l’universel.
Précédée par une floraison de revues littéraires et culturelles[1] qui commencent à activer à partir de 1937, cette littérature maghrébine de langue française est plus connue que celle des années 1920-1950. Durant cette période, il y eut également des rencontres culturelles (février-mars 1948) regroupant Mohamed Dib – Jean Sénac – Albert Camus et Jean Cayrol.
I.2 Les facteurs historiques
Contrairement aux premiers facteurs, ceux qui ont attrait à l’historique de la nation maghrébine ont touché toutes les castes sociales de cette aire géographique. Nous avons coutume de circonscrire la période qu’occupe cette génération entre deux grands épisodes historiques : les événements du 08 mai 1945 et le déclenchement de la guerre d’indépendance en Algérie en 1954.
Cette période correspond, dans l’histoire du Maghreb, à la prise de conscience politique et au renforcement de la revendication d’autonomie dans les grands mouvements nationalistes (le PPA, le PCA, la Ligue des Ulémas,….).
Au Maroc et en Tunisie, les événements se précipitent et aboutissent aux indépendances en mars 1956.
En Algérie, les revendications des partis nationalistes s’amplifient et s’intensifient depuis 1940. Les événements de 8 mai 1945 suivies de l’agression et de la répression du peuple algérien[2]. Entre 45 et 54, les esprits baignent dans une effervescence menant au déclenchement de la guerre de libération le 1er novembre 1954.
Ces événements furent aussi à l’origine d’un tournant en France avec la constitution du front populaire qui depuis 1936 formait un rassemblement des forces de gauche contre le fascisme. Sachant que la naissance de ce mouvement en Algérie permet l’éveil et la prise de conscience de l’intelligentsia européenne vis-à-vis de la colonisation, tel que Emmanuel Roblès (pied-noir oranais) qui a soutenu l’indépendance de l’Algérie et a été parmi les 121 artistes, signataires dans cette prise de position et auteur du manifeste Les hauteurs de la ville dans lequel il exprime clairement ses idées à ce propos : « À l’époque où il fut écrit, c’est-à-dire dans les années 1946-47, ce récit avait le dessein de témoigner sur un aspect du désarroi qui tourmentait alors de jeunes Algériens. Six ans à peine après la publication des Hauteurs de la ville, l’Algérie prenait son visage de guerre. Par milliers, des Smaïl, décidés à conquérir leur dignité, ont surgi du fond de leur nuit, la torche au poing. À leur cri ont répondu, dans l’autre camp, des Montserrat qui, pour avoir douté de la légitimité du combat dans lequel la France les engageait, expient dans les prisons de Casabianda ou de Constantine.[3]
II/ Pourquoi ressourcement culturel ?
Cette deuxième génération d’écrivains maghrébins est celle qui a vu la naissance artistique des auteurs les plus connus (Feraoun, Mammeri, Memmi, Dib, Chraïbi, Sefrioui,…) de cette aire géographique. La production littéraire de ces auteurs, en plus de son nombre, frappe par sa variété et par sa richesse.
Mais malgré l’intérêt qu’elle a suscité, la production littéraire maghrébine des années 1945-1954 a subit la même injustice et la même procédure de stéréotypisation que les autres périodes littéraires. Ce dénigrement de l’écriture maghrébine explique les difficultés de nomination et de catégorisation de cette littérature.
A partir des années 50, surgit une génération de qualité par rapport aux écrivains des années 20. Une nouvelle génération qui s’est démarquée par une littérature de refus et de contestation, suite au contexte imposé par la seconde guerre mondiale suscitant maintes interrogations :
- Pourquoi tant de misères ? – Pourquoi cette absence de l’homme maghrébin dans l’Histoire et dans la littérature ?
C’est une littérature écrite également en fonction du lecteur européen, non pas pour lui faire plaisir, mais pour lui imposer son témoignage et surtout sa contestation. Ces écrivains se mettent alors à dénoncer les maux de la colonisation et les carences de leurs familles ou de leur propre société.
La génération des années 50 s’empare de leur seul moyen de communication sur le plan littéraire, la langue française, pour dire ce qu’ils sont, pour manifester une prise de conscience explicite à travers des œuvres littéraires engagées. Contrairement à la génération précédente qui répétait sagement la leçon apprise à l’école française, les écrivains de cette époque revendiquent la différence en disant par eux-mêmes ce qu’ils sont et vers quoi ils sont en marche. Si les romanciers des années 20 mettaient en œuvre des héros répondant au modèle français, en le présentant avec le regard de l’Autre, ceux des années 50 parlent du dedans avec un regard qui se fait intérieur et qui dévoile son propre malaise de colonisé qui est également le malaise de tous ses semblables. A ce propos, Marcel Moussy écrivain de l’Ecole d’Alger déclare en 1956 qu’il avait découvert à Paris la des communautés arabes et juives à travers la lecture des romans de Feraoun, Dib et Memmi. Pourtant il avait vécu durant 20 ans en Afrique du Nord.
Ce sont les écrivains de l’Ecole d’Alger qui ont incité et ont ouvert l’horizon littéraire aux auteurs maghrébins des années 50 sous l’égide de Roblès, Audisio, Camus et Moussy qui se démarquent par une écriture qui délaisse l’Orient de pacotille pour décrire une humanité moins belle et plus vraie. Cependant l’autochtone était moins toujours présent. Ce manque tant constaté dans la littérature des français au Maghreb sera comblé par la naissance la naissance des vocations, l’encouragement des maghrébins à témoigner de leur propre situation. En réponse à un américain préparant une thèse sur le roman Nord Africain, Mouloud Feraoun évoque l’intention collective de ses compatriotes : « Je crois que c’est surtout ce désir de faire connaître notre réalité qui m’a poussé à écrire. Et à ce point de vue, je dois vous dire que la réalité ne se laisse jamais saisir dans toute sa complexité, toutes ses nuances et qu’en définitive, ceux qui prétendent la montrer ne montrent qu’eux-mêmes et ne témoignent que pour eux. »
Il s’agit d’une littérature et de refus et de contestation écrite en fonction du lecteur européen non pas pour lui faire plaisir, mais pour témoigner et contester. Les romanciers dévoilent, dénoncent les maux de la colonisation et les carences de leurs sociétés. Les algériens Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, Les marocains Ahmed Sefrioui, Driss Chraibi et les tunisiens Albert Memmi, Hachemi Baccouche livrent des images nouvelles, celles de leurs milieux sociaux : paysans pauvres de la montagne, tisserands de Tlemcen, bourgeois sclérosés marocains, juifs de Tunis.
*Algérie
*Mouloud Feraoun : - Le Fils du pauvre 1950 – La terre et le sang 1953 – Les chemins qui montent 1957 : romans ethnographiques qui constituent une peinture et une étude précise et objective de la région de Djurdjura. C’est une œuvre qui se veut témoin de toute une communauté et qui informe les lecteurs sur les mœurs, traditions, attachement à la terre, la fierté et la pudeur. Feraoun reproche ainsi à la colonisation le manque de considération des siens.
*Mouloud Mammeri cible dans La Colline oubliée (1952) et Le Sommeil du juste (1955) l’insatisfaction qui règne chez les jeunes désœuvrés, les injustices, les discriminations et les déboirs vécus par les colonisés.
*Mohammed Dib écrit une trilogie : La grande maison (1952)– L’incendie(1954) – Le métier à tisser (1957) qui annoncent le bouleversement des années 54---62
*Maroc
*Ahmed Sefrioui : Le chapelet d’ambre (1949) – La boîte à merveille (1954) œuvres qui reflètent la sensibilité de l’auteur aux valeurs mystiques.
*Driss Chraibi : auteur qui fait part d’une révolte poignante contre la sclérose et l’étroitesse de la haute bourgeoisie musulmane traditionnelle. La révolte contre les siens sera suivie d’une révolte contre l’Occident. Dans Le passé simple (1954) le thème de la révolte contre le père dictat couvait une révolte contre le protectorat et les injustices sociales qui s’en suivent. Les Boucs (1955) témoigne sur la condition humaine des travailleurs nord-africains. L’auteur se sert par la suite de L’Âne (1956) pour exprimer la déception des pays nouvellement indépendants, décrivant une réalité loin d’être porteuse d’espérances nouvelles que le peuple opprimé attendait.
*Tunisie
Albert Memmi[4], sa double appartenance est visible à travers son œuvre. D’abord dans La statue de sel (1953), récit en grande partie autobiographique relatant le drame d’un jeune homme happé par le déchirement entre deux cultures et deux civilisations. Il se révolte contre une double situation de racisme subi : Indigène dans un payé colonisé et juif dans un univers antisémite.
Dans Agar (1955), il décrit les difficultés psychologiques intérieures d’un couple mixte. La description et l’évolution des unions mixtes sont très liées à la conjoncture politique.
III/ Caractéristiques des écrits de la seconde génération d’écrivains maghrébins
Il est possible d’établir certains rapprochements entre ces différents écrits. Le plus apparent au niveau esthétique est la présence des canons du roman réaliste qui sont scrupuleusement respectés.
Signalons que ces textes s’affichent, certes, dans un souci méticuleux du détail de « la représentation de la vie quotidienne » ou « engagement et retour aux sources » selon les termes de A. Khatibi[5] ou « le terroir et la nation » selon Christiane Achour[6], le contenu est loin d’être pittoresque mais anticolonialiste, dénonciateur de l’état d’une société victime de l’oppression coloniale et ses injustices comme le soutient Bonn :
« Loin d’être la description statique rassurante, que certains voulurent classer comme ″régionaliste″, ou que d’autres, plus sérieux appelèrent ″ethnographique″, les premiers romans algériens reconnus comme tels, s’ils nous brossent incontestablement l’image d’une société traditionnelle de l’univers de la plus part de leurs lecteurs, n’en restent pas là […]. Les romans de Feraoun, de Mammeri, de Malek Ouary, ou de manière différente la trilogie Algérie de Mohammed Dib sont plutôt ceux de la tension tragique entre deux mondes. Même si la colonisation n’en est pas l’objet central, c’est bien de la dislocation de la société coloniale qu’il s’agit. »[7]
III.1 L’énonciation spatialisée
L’un des thèmes les plus marquants de la littérature maghrébine est celui de l’enracinement dans la terre ancestrale. Ce thème n’apparaît pas seulement de manière métaphorique, mais il est matérialisé dans le roman par le choix d’un espace (ou de plusieurs espaces) qui est le plus souvent décrit comme étant celui où s’incarne une coexistence difficile mais nécessaire pour la re- constitution de l’être de l’auteur.
Lorsque l’on parle d’espace, dans le roman maghrébin, on renvoie à des espaces et le plus souvent à deux espaces différents. La topographie initiale de ces romans est celle des origines, celle de la terre natale, c’est par exemple la maison familiale, la terre tribale, le quartier de l’enfance,…. Ce lieu est le plus souvent idéalisé par le héros, à l’image de l’impasse dans La Statue de sel. Cette idéalisation va très vite être problématique car l’espace de l’enfance va devenir pour l’adulte un lieu natal perdu et impossible à retrouver au risque de se perdre définitivement et d’être changé en être incapable de créer.
En plus du caractère idéalisateur, le texte nous donne à lire la description d’un espace qui est pensé comme un lieu clos, isolé du reste du monde . Au début de la vie sociale, cet isolement spatiale ne gène en rien les personnages. Ce n’est qu’une fois que l’enfant s’est rendu maître d’un autre espace (le plus souvent l’école française) que celui de son enfance lui semble être une prison.
Le second espace qui se met en place est celui de l’exclusion. En effet, l’école est perçue par les jeunes enfants comme un lieu de répression où les règles du « savoir vivre » sont imposées par la force et l’humiliation. Le seul moyen de s’en sortir est de comprendre très vite comment fonctionne le système et de s’y plier.
III.2 La recherche d’une continuité temporelle
Ces textes veulent s’inscrire dans le temps dynamique de la recherche, entre tradition culturelle autochtone et tradition littéraire européenne. Ils s’inscrivent dans une temporalité de l’appropriation active, leur visée n’est pas tant le résultat que la recherche elle-même. C’est le processus de l’examen qui est la base de ces écrits.
L’auteur cherche à se réapproprier le temps mais pas n’importe lequel. Ce qui représente l’objet fondamental de la quête c’est le temps révolu celui qui a été et qui ne peut plus être. Cette prospection assidue tente d’incorporer un discours individuel à un discours collectif. De ce fait, trois types narratifs vont matérialiser cette exploration d’un passé qui n’existe plus qu’à l’état de bribes :
La critique de coutumes sclérosées, de pratiques transies, d’anciennes luttes capables d’inspirer le présent. C’est dans ce cadre que s’inscrit la critique des querelles intestines entre villageois pour l’acquisition de terres.
Le récit de la communauté perdue en insistant sur la probité et la grandeur de la vie traditionnelle. La communauté ancestrale des Beni-Hillal, réputée pour leur résistance à l’envahisseur, prend la dimension d’un mythe et d’un exemple à ressusciter.
Le récit autobiographique. Ce type de récits a pour but de résumer, soit de manière figurative soit de manière symbolique, les étapes de la vie romancée de l’auteur. Le cheminement est assez simple, d’autobiographie individuelle, l’œuvres devient « une autobiographie collective » (Nedjma en plus de nous donner à lire des fragments de la vie de l’auteur nous offre une perspective générale de la vie du peuple algérien).
Tous ces textes visent à dessiner ou à renforcer un lien avec le passé qui éclairera le présent de la société à laquelle appartient l’auteur. L’histoire, individuelle et collective, devient une métaphore des difficultés actuelles et de leur éventuelle résolution.
Cette recherche tenace inscrit souvent l’œuvre dans une progression rétrospective, non par nostalgie ou regret, mais pour faire jouer un passé (perdu ou mystifié) contre un présent d’aliénation et/ou pour expliquer une situation actuelle qui est problématique. L’Histoire passée participe à l’énonciation de la recherche temporelle parfois comme une donnée positive, souvent comme un symbole.
III.3 Le roman de témoignage
Les œuvres romanesques de cette époque jouent souvent sur le pacte de véracité. En effet, l’auteur présente souvent sa diégèse comme s’étant réellement produite. C’est ce qui explique le recourt soit à l’autobiographie, soit au discours de véracité comme « L ‘histoire qui va suivre a été réellement vécue dans un coin de Kabylie » ou bien encore comme l’histoire du carnet trouvé dans un tiroir.
F. Fanon nous dit que « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir » . Nous sommes donc en droit de nous poser la question : Quelle est donc la mission que portent tous les textes de l’époque ?
La mission première de ces textes est de témoigner d’une enfance idéalisée qui est donnée à lire à un public européen accoutumé à des stéréotypes. L’intention est d’obliger le lecteur à ouvrir les yeux sur les mensonges du passé et à se construire une image plus « vraie» des êtres maghrébins.
Cette mission d’attestation est tellement ancrée dans le texte qu’elle pousse certains critiques à nous faire remarquer que dans ces récits l’intrigue est absente. En effet, l’enfance, la jeunesse sont évoquées à partir d’une suite de descriptions ou de pensées. La narration à proprement parlée est submergée par des commentaires très importants.
Si l’on se bornait à la conception occidentale du récit (tel que l’ont étudiée Propp, Brémond ou Barthes), on conclurait à la suite de l’avis général que les récits maghrébins ne sont fondés sur aucune intrigue. Mais le propre de cette écriture maghrébine est d’avoir su dépasser le modèle proposé afin d’en créer un autre qui portera mieux toute la gamme des sentiments maghrébins. L’auteur maghrébin ne veut plus être ce conteur qui raconte de belles histoires mais il se veut être l’examinateur de sa propre destinée ; au rôle de donneur de leçon il préfère celui de questionneur. Les récits ne donnent aucune réponse, ils se contentent de poser des questions.
III.4 Le roman de formation
De la même manière que ces textes nous donnent à lire l’enfance du héros, ils nous décrivent le parcours initiatique d’un héros unique pris dans sa période de formation. Le héros du récit fait l’apprentissage de la vie à travers les étapes de l’éducation, ce qui explique la grande place qu’occupe le thème de l’école dans ces textes.
Comme cela fut le cas pour l’espace, cette formation est marquée par une opposition entre ce qui est traditionnel-familial et ce qui est scolaire et occidental.
L’éducation traditionnelle est marquée par un certain nombre de valeurs(croyances métaphysiciennes, vertus sociales, éloge du travail, …) qui permettent à l’homme d’intégrer un groupe, une communauté.
L’éducation française, elle, est marquée par la répression (comme le montre le premier volet de la trilogie de M.Dib), par l’hypocrisie et par la dégradation des rapports humains qui oblige un jeune juif à honnir sa propre culture.
Même si cette éducation scolaire n’ajoute rien à l’épanouissement de l’individu il est important au héros de réussir seul (contrairement au monde familial où la réussite est collective) à franchir les étapes initiatiques. Cette obligation lui est soit dictée par sa propre conscience des choses soit par les siens.
La réussite scolaire aboutit à la cristallisation d’un double projet: montrer les valeurs humaines (même si parfois il y a une grande part d’ironie) de l’éducation communautaire, et montrer l’aptitude des indigènes à assimiler la culture de l’autre. Ce qui explique la grande importance accordée, dans les récits : à l’âge des héros (souvent pris durant la période de la scolarisation, de 6 à 16 ans à peu près), aux initiateurs (souvent des instituteurs français), aux objets d’initiation (la science ou la philosophie), de l’espace de l’errance et du déplacement (l’espace de la scolarisation c’est à dire l’école).
Ces récits posent, de plus, l’inévitable question de l’identité maghrébine. Ces textes mettent en scène une image du Maghreb qui allait à l’encontre des lieux communs habituels de l’exotisme. Ces auteurs se posent comme représentants d’une identité séculaire, c’est pour cela qu’ils s’attacheront à la description des difficultés et des joies de la vie quotidienne dans leur communauté.
[1] Rivage 1938 – Fontaine 1939 – Forges 1946 – Soleil 1949 – Simoun 1951 – Terrasses 1953. C’est dans ces revues que certains écrivains maghrébins (Dib – Séfrioui – Kateb – Feraoun – Mammeri) s’exprimèrent en premier lieu avant qu’ils ne soient connus par leurs œuvres littéraires.
[2] Le 8 mai 1945, au moment où les algériens célèbrent la victoire sur le nazisme, croyant fêter également la liberté de l’Algérie, l’armée française a commis les crimes les plus aberrants. La génération de cette époque fut marquée par cet ignoble épisode et sera évoquée souvent dans la littérature algérienne. Citons à ce propos, Kateb Yacine âgé à l’époque de 16 ans qui écrit un recueil poétique : Soliloques
[3] Cité dans, http://www.seuil.com/ouvrage/les-hauteurs-de-la-ville-emmanuel-robles/9782021081060
[4] Elève de Jean Amrouche au lycée Carnot en Tunisie. Auteur qui a analysé pertinemment l’émergence de la période littéraire des années 50 dans son ouvrage : Anthologie des écrivains maghrébins d’expression française publié en 1964.
[5] Abdelkebir Khatibi, Le roman maghrébin, Paris, François Maspero, 1968, pp. 43-47
[6] Christiane Chaulet Achour, Anthologie de la littérature algérienne de langue française, Alger, ENAP-Bordas, Francophonie, 1990, p.45
[7] Charles Bonn, Littérature francophone, T 1 : le roman, ouvrage collectif sous la direction de Charles Bonn et Xavier Garnier, Paris, Hatier, 1997, pp. 185-210