La littérature féminine  se veut militante face à une société rétrograde inspirée par un Islam dévoyé. Récente d’apparition en Tunisie et au Maroc où elle était très peu représentée il ya plus de deux décennies, elle est historiquement davantage ancrée en Algérie

 

* La littérature féminine algérienne

 

La littérature féminine algérienne a connu un premier temps d’inspiration puisé dans l’histoire de la colonisation et des années de lutte pour l’indépendance. Elle apparait depuis les circonstances et événements des années 90 sous le signe de la dénonciation et de la condamnation.

Assia Djebar, doyenne des femmes de lettres maghrébines a indiscutablement traité une variété de thèmes traitant de la condition féminine.

 

Yamina Mechakra, médecin psychiatre connue surtout par son roman La Grotte éclatée 1979 caractérisé par une dimension poétique traversant tout le roman sous forme de maints poèmes qui célèbrent le courage des militants, la rudesse du paysage, les peines des hommes mais aussi l’amour et l’amour maternel. La romancière reprend le nom d’un personnage de la La Grotte éclatée et publie Arris en 2000 où on retrouve un souvenir de son activité de psychiatre au service des filles mères et qui traite principalement du thème de l’identité et de la quête des racines.

 

Malika Mokeddem envahit la scène littéraire depuis son premier roman Les hommes qui marchent 1990 par un désir de rupture associé à une constante tension de refus, affichant ses rébellions et ses remises en question. Elle évoque dans ses écrits les différentes luttes menées par une femme pour s’imposer dans un monde d’hommes et s’attaquent au machisme et à la misogynie de la société algérienne. Ces textes sont aussi des récits de la formation de la personnalité d’un individu et de sa formation intellectuelle en particulier.

Maissa Bey, pseudonyme de Samia Ben Ameur, enseignante de littérature française qui affirme amener à l’écriture afin de témoigner contre le terrorisme et le fanatisme des années noires. Elle inscrit son écriture dans la violence d’aujourd’hui et guerre d’hier, plonge dans la chronique de la colonisation afin de trouver des réponses au présent afin d’éclairer cette période dramatique.

 

La décennie noire est connue par l’émergence de plusieurs plumes féminines. Nous citerons à titre indicatif : Soummeya Ammar Khodja, Hawa Djabali, Latifa Ben Mansour, Leila Merouane, Ghania Hammadou, Leila Sebbar, Nina Bouraoui, Yamina Benguigui, Nadia Ghalem.

 

 

*La littérature féminine tunisienne

 

Les auteures tunisiennes jouissant d’une certaine émancipation depuis quelques générations traitent des thèmes peu pratiqués généralement par les autres auteures maghrébines. Evitant les soubresauts de l’histoire, leurs récits abordent l’ennui et autres problèmes quotidiens de l’existence comme le malaise de la femme écartelée entre tradition et modernité. Hélé Béji analyse ce dilemme féminin à partir de son expérience personnelle dans un essai récent : Une force qui demeure 2006. Essayiste davantage que romancière, elle interroge principalement, les notions d’identité culturelle, nationalisme et modernité. C’est effectivement le dessein de Souâd Guellouz, première écrivaine tunisienne d’expression française dans son autobiographie romancée Les Jardins du Nord. Azza Filali de son côté dissèque des destins de couples marqués par la monotonie, l’absence de communication et la solitude. Elle use de sa satire et dégage avec humour, dans Chronique d’un décalage 2006 et L’Heure du cru 2009, le caractère superficiel de gens attachés aux apparences.  Faouzia Zouari, romancière tunisienne vivant en France rapporte dans Ce pays dont je meurs 1999, mais sur un mode tragique un cas d’intégration impossible. Son œuvre dessine les confrontations entre des cultures différentes. Gisèle Halimi contribue à cette mouvance féminine tunisienne avec une trilogie autobiographique et un roman historique, La Kahina 2006

 

*La littérature féminine marocaine

 

Le combat en vue d’une conquête de légitime dignité est commun cez les créatrices maghrébines. Il est évoqué plus spécialement par les auteures marocaines. L’œuvre entière de Fatima Mernissi est de  ce point de vue exemplaire même si l’approche y est plus scientifique que fictionnelle. D’abord essayiste et sociologue, elle est mondialement reconnue par ses nombreux travaux comme une spécialiste de la sexualité dans les sociétés musulmanes. Fatima Mernissi a abordé le récit littéraire dans Rêves de femmes. Une enfance au harem 1996 paru d’abord en anglais puis traduit en français avec la collaboration de l’écrivaine. La narration de cette autofiction rapporte une enfance au Maroc autour des années 40.

 

Siham Benchakroun quant à elle cible l’hypocrisie sociale dans une œuvre qui dissèque l’institution maritale. Elle publie Oser vivre 1999 qui décrit le cheminement par lequel une femme marocaine condamnée à perdre son identité dans le mariage afin de se conformer à son statut d’épouse modèle, tel que l’entend la société. Dans La Reine de Marrakech 2004, Zakia Daouad mêle fiction et histoire, réalité et légende et met en scène la minoration de la femme. Avec Ni fleurs, ni couronnes 2000, Souâd Bahéchar centre son récit sur la difficile conquête de son identité d’une femme loin des mentalités figées des siens. Nafissa Sbai s’inscrit également dans ce courant de la littérature féminine dont la thématique essentielle se préoccupe du sort et de la condition de la femme marocaine. Elle met en scène dans L’Amante du Rif le combat de Hayet devenue enseignante pour écrire ce qu’une société phallocratique veut taire. Son écriture dévoile aussi les maux sociaux qui gangrènent le Maroc. D’autres noms tels que Rachida Madani, Nadia Chafik… ne cessent d’alimenter le paysage littéraire marocain par des textes qui puisent  tantôt dans réalisme et tantôt dans l’histoire du Maroc

 

Les auteures citées et tant d’autres créatrices maghrébines se font des porte-voix de toutes femmes écartelées entre tradition et modernité, aspirant à davantage de dignité et de liberté. Ces auteures illustrent la principale fonction de la littérature, qui à travers portraits et personnages, consiste à présenter des miroirs grossissants qui accroissent et améliorent la visibilité. Ainsi  les Maghrébines semble être « des volcans mal é