Support 2 : Extrait. Histoire de ma vie de Fadhma Ait Mansour Amrouche

Consigne : repérer  tout ce qui souligne la spécificité de ce texte en tant que récit de vie.

-          Quel est le titre du livre d’où ce texte est extrait ?

-          De quel genre s’agit-il ?

-          Dans quel pays se trouve Fadhma Amrouche quand elle écrit Histoire de ma vie ?

-          Quel âge avait-elle ?

-          Quels sont les lieux évoqués par l’auteure ?

-          Combien de temps a-t-elle passé dans le dernier endroit cité ?

-          Qu’est-ce qui a marqué la vie de cette femme ?

-          Par quel verbe de perception les souvenirs sont-ils introduits ?

-          Quel est l’effet produit par ces répétitions ?

-          Lisez la première phrase et le dernier paragraphe. Que constatez-vous ?

 

Support 2

Texte

     

       […] Je ferme maintenant ce cahier ou j'ai consigne le resumé de ma vie. J'ai écrit en un mois. Nous sommes le 28 août, j'ai fait vite, sait-on jamais ? Je suis vieille, fatiguée, mais j'ai gardé mon âme d'enfant, prompte à vouloir redresser les torts et à défendre les opprimés.

       Je n'ai plus revu mon école, je ne sais ce qu'elle est devenue, mais, dans ma mémoire, il y a toujours l'image enchantée de ma jeunesse, je revois toujours le chemin fleuri, les églantiers, les chevrefeuilles et les guirlandes de clématites, la cascade aux eaux donnantes, les berges fleuries de mon ruisseau, et les tapis de boutons d'or.

       En entendant, les nuits d'été, chanter les grenouilles, je revois le jardin de La Varenne-Saint-Hilaire, et ses rosiers grimpants. Je puis dire avec le poète : «En ce jour, en ce lieu, un jour, je fus heureuse. »

      J'oubliais mon jardin de Toujal, avec sa tonnelle de raisins et Fort-National à l'horizon, avec ses tuiles rouges et ses remparts blancs !

      Je viens de relire cette longue histoire et je m'apercois que j'ai omis de dire que j'etais toujours restée «la Kabyle» : jamais, malgré les quarante ans que j'ai passés en Tunisie, malgré mon instruction foncièrement française, jamais je n'ai pu me lier intimement ni avec des Francais, ni avec des Arabes. Je suis restée, toujours, l'etemelle exilée, celle qui, jamais, ne s'est sentie chez elle nulle part.

        Aujourd'hui, plus que jamais, j'aspire a être enfin chez moi, dans mon village, au milieu de ceux de ma race, de ceux qui ont le même langage, la même mentalité, la même âme superstitieuse et candide, affamée de liberté, d'indépendance, l'âme de Jugurtha !

        A mon fils Jean, je dedie ce cahier : Pour lui, j'ai écrit cette histoire, afin qu'il sache ce que ma mère et moi avons souffert et peiné pour qu'il y ait Jean Amrouche, le poète bèrbère.

 

 

 

1er août - 31 aout 1946.

Maxula-Rades.

Fadhma Ait Mansour Amrouche, Histoire de ma vie, Paris. Nathan. 1968

 

 

Pour mieux comprendre

-          Consigner : écrire

-          Prompte à redresser le tort : qui agit rapidement pour réparer ce qui n’est pas juste

-          Les opprimés : les personnes dominées.

-          Les églantiers : noms de fleurs.

-          La Varenne-Saint-Hilaire : une ville parisienne.

-          Toujal / Fort-National : un village et une ville situés en Algérie (région de Tizi-ouzou)

-          Une tonnelle : une petite construction ronde sur laquelle on fait grimper des plantes.

-          Des remparts :un mur long et haut qui entoure un lieu pour le protéger.

-          Omis : (du verbe omettre) oublié.

-          Candide : simple, innocent

-          Maxula-Radès : une ville de Tunisie.

-          Superstitieuse : qui accorde une interprétation irrationnelle à des gestes ou des signes (porte bonheur, porte malheur.


Modifié le: lundi 1 janvier 2024, 20:38