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Source : Marie-Françoise, Narcy-Combes, Les Cahiers de l'Acedle, numéro 2, 2006, recherches en didactique des langues, colloque Acedle, juin 2005

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Spécificités de trois genres en littérature :

la poésie, le théâtre, la narration La poésie

La poésie fait partie de l'univers des humains et permet une ouverture vers une autre appréhension du monde, un autre éclairage sur le quotidien. Même si l'on se place dans une approche communicative, les êtres humains ont d'autres choses à communiquer, d'autres messages à faire passer que de l'utilitaire. La poésie peut permettre aux élèves de ressentir et d'exprimer toute une gamme d'émotions et de sentiments de manière inhabituelle tout en maniant la langue avec précision. En effet, la forme est première en poésie, ce qui en fait un art à part. Le poète s'exerce à la pratique contrôlée de la langue. Dans les poèmes, parce que peu de mots sont utilisés pour le message communiqué, chaque mot est important. Parce que chaque mot est important, plusieurs techniques sont utilisées pour augmenter leur pouvoir évocateur : sons, rimes, images, contrastes, juxtapositions. La langue est une surprise, ce qui dynamise la force de mémorisation. La répétition, de mots, de vers, de groupes de vers joue également sur la mémoire : mais à la différence de ce qui se passait lors de la répétition de drills structuraux, le mot, ou le groupe de mots répétés prennent chaque fois une résonance nouvelle, associant ainsi la forme au sens. Enfin la structure même du poème, son organisation spatiale, l'utilisation des sons, de l'orthographe et de la syntaxe conduisent les élèves à travailler la langue tout en s'essayant à communiquer un message qui les implique profondément.

 

Le théâtre

Un des éléments qui caractérise le théâtre c'est la pluralité de lectures, donc d'interprétations que permet le passage de l'écrit à la scène, comme en témoignent les traductions diverses des œuvres d'auteurs du passé, de Sénèque à Brecht en passant par Shakespeare et Molière. La spécificité du genre comprend l'organisation du texte sur la page, avec les indications scéniques et les types d'échanges entre personnages : silence, monologues, stichomythies, et les divisions en actes, scènes et tableaux. Cette organisation sous-tend l'organisation spatio-temporelle de l'œuvre théâtrale, en tension entre le temps du récit, celui de la représentation et le temps métaphorique ou mythique dont tout texte théâtral est porteur. La forme nous offre une entrée vers le sens. Pour l'explorer plus avant, le praticien amènera ses élèves à s'intéresser à la fable (la succession chronologique des évènements imaginés ou racontés par l'auteur) et à l'intrigue (la succession des mécanismes entre l'exposition, le nœud, les péripéties et le dénouement) qu'il faudra retrouver, et parallèlement au personnage et à son rôle dans la pièce, comme distinct de l'acteur qui l'interprète. Ce dernier produit un discours, est lui-même présent dans le discours des autres personnages de la pièce, ce qui nous conduit à l'étude des énoncés et de l'énonciation. Qui parle, à qui, à l'intérieur et à l'extérieur du texte théâtral ? Au théâtre, parole et action sont indissociables : dire, c'est aussi faire, et toute parole est potentiellement un déclencheur d'actions. S'exprimer par le théâtre est une activité kinesthésique, le corps tout entier participe à l'expression d'un message. Par là les élèves peuvent être amenés à prendre conscience que la communication ne se limite pas à des mots mis bout à bout, que l'expression verbale d'un message allie la justesse de l'intonation et l'adéquation de l'accentuation, que le sens passe aussi par le geste, et les signes que donnent le contexte ou la situation. Le jeu dramatique peut leur permettre de s'exprimer plus longuement qu'ils ne le font généralement dans un enseignement plus traditionnel, d'exprimer des émotions et des sentiments sans passer par la description ou la narration, tâches plus scolaires.

Le texte narratif

Lorsqu'on décide de mettre les élèves face à un texte narratif, se rapprocher de la réalité c'est prendre en compte le plaisir de la lecture. La rencontre avec le texte ne se réduit pas au repérage d'informations, et il est même possible de dire que ce n'est pas l'objectif du lecteur qui prend un récit et se plonge dans la lecture. Les sources de plaisir sont liées à la mise en œuvre de l'imaginaire, et au travail interprétatif auquel se livre le lecteur lorsqu'il construit le sens du texte entre mémorisation et projection. Cette négociation permanente du sens fait écho à ce qui se passe en apprentissage des langues, et permet donc de développer des compétences transdisciplinaires. Accroître le plaisir de la lecture, c'est développer les capacités d'inférences. Les connaissances contextuelles sur le récit sont autant de clins d'œil qui rassurent et réjouissent le lecteur. C'est aussi accroître la capacité à procéder à des mises en réseau, ce qui n'est possible qu'en développant des savoirs et des compétences sur le lexique, mais aussi sur les genres et les types de discours. Comprendre les ruptures par rapport à des règles convenues, à un scénario attendu, implique d'avoir intégré ces règles ou ces scénarios. Le lecteur sera ainsi conduit à apprécier les utilisations du temps et de l'espace, de la structure du texte, des différents niveaux de narration et des effets produits. Puis il prolonge sa lecture en l'inscrivant dans un cadre plus vaste, et construit ainsi son propre contexte culturel de référence.


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