5. Le texte comme espace typographique
Lire un texte, c’est observer et exploiter en premier lieu tout signe typographique qui va contribuer à sa compréhension. Pour identifier et lire un texte, il faut saisir l’aspect matériel sous lequel il se présente. L’aspect matériel d’un texte est l’ensemble d’éléments, appelés indices paratextuels (ou éléments périphériques) qui donnent déjà un certain nombre d’informations au lecteur avant même qu’il ne pénètre dans le texte et ne commence à le lire.
Certains indices sont extérieurs au texte, d’autres sont à l’intérieur. Nous allons les énumérer et voir quelles informations ils sont susceptibles de nous donner pour orienter notre lecture.
5.1 Le titre
Conçu avant tout pour attirer le lecteur, le titre annonce en principe le contenu du texte. Il peut être banal ou recherché ; il peut annoncer directement le thème de l’ouvrage ou du texte ou seulement le suggérer.
Il peut avoir une valeur figurative, quand il donne une idée explicite du contenu, ou une valeur symbolique, quand il faut le « traduire » pour saisir le rapport qu’il entretient avec ce même contenu. Plus le titre est long, plus il est explicite.
5.2. Le chapeau
C’est un petit paragraphe qui suit le titre et qui permet de situer le texte, quand celui-ci est extrait d’une œuvre, pour permettre au lecteur de disposer d’un minimum d’informations pour comprendre ce qu’il va lire.
Généralement, le chapeau résume la partie qui précède l’extrait présenté pour que le lecteur puisse suivre les événements qui y sont relatés.
5.3 Les références
Il s’agit du nom de l’auteur, qui permet de replacer le texte dans une époque donnée (XVIIè, XVIIIè, XXè siècle…) ou dans courant littéraire déterminé, quand il s’agit d’un texte littéraire.
Le titre de l’œuvre permet aussi d’en identifier le genre (roman, autobiographie, essai, théâtre, etc.). Ces renseignements permettent au lecteur de situer le texte aux plans idéologique et esthétique.
5.4. Le paragraphe
Le paragraphe est une partie d’un texte en prose. Cette partie est consacrée à développer une idée, un fait, un point en particulier. Le paragraphe se compose de plusieurs phrases et il se rattache aux paragraphes suivant et précédent d’une manière progressive et cohérente.
Pour assurer cette cohérence, le paragraphe doit correspondre à une unité de temps (l’action doit se dérouler dans une seule et même temporalité), de lieu (les faits doivent se dérouler dans un même endroit) ou d’action. L’unité d’action est assurée par la présence d’un personnage-héros et par une seule intrigue principale.
Dans sa structure interne, un paragraphe portera une unité de point de vue (une seule idée générale). En effet, un paragraphe sert à mettre en évidence une idée unique et globale. Pour passer à une autre idée, il faudra passer à un autre paragraphe
Sur le plan typographique, le début du paragraphe est marqué par un espace appelé alinéa ou bien à travers un saut de ligne. Il est désigné par son propre symbole §.
Lors de la lecture d’un texte, le paragraphe s’avère un élément pertinent qui peut présenter un intérêt dans la mesure où il correspond plus ou moins à la structure (le plan) du texte.
Il peut aussi être intéressant de noter la longueur des paragraphes, qui donne une idée quant à l’importance relative des différentes parties du texte. En effet, le paragraphe sert à sectionner le texte pour pouvoir l’appréhender d’une manière plus simple. Il facilite ainsi en u la compréhension du texte.
5.5. La typographie
Il est important d’observer les caractères utilisés pour écrire le texte, tels que :
- les majuscules : permettent de repérer les noms propres qui correspondent soit aux personnages soit aux lieux ;
- les chiffres : grâce à leur forme particulière, ils sont aisément repérables et permettent de repérer les dates, les données statistiques et toutes les informations chiffrées contenues dans le texte ;
- les caractères différents : ce sont par exemple les caractères gras et l’italique qui permettent de mettre en relief des mots qui ont une importance particulière dans le texte.
5.6. La ponctuation
Il s’agit surtout des signes qui se trouvent en fin de phrase et qui permettent d’en définir le type, et donc l’intention de l’auteur :
- points : phrases déclaratives (apport d’informations) ;
- points d’interrogation : phrases interrogatives (questionnement) ;
- points d’exclamation : phrases exclamatives (expression d’ordres ou de sentiments).
A titre d’exemple la présence de signes de ponctuation tels que les tirets ou les parenthèses indique que l’on a affaire à un texte expositif.
5.7. Les représentations graphiques
Il s’agit des photos, dessins, schémas, plans, cartes, courbes, diagrammes, etc. qui accompagnent le texte. Ces représentations graphiques peuvent :
- compléter le texte : dans ce cas, elles sont nécessaires ;
- faire double emploi avec le texte : étant redondantes, elles n’apportent rien de plus ;
- n’avoir aucun rapport avec le texte : dans ce cas, elles jouent un rôle purement décoratif.
Pour résumer l’importance des indices typographique cités ci-dessus, il faut retenir que :
Le titre indique immédiatement et d’une façon concise le contenu du document ;
La présence d’un chapeau situe le texte, soit en informant le lecteur sur les circonstances dans lesquelles le texte a été produit, soit en résumant ce qui précède pour permettre au lecteur de comprendre ce qu’il lit ;
Les débuts de paragraphes ils donnent, comme nous le verrons plus loin, l’idée maîtresse du paragraphe ;
La typographie : majuscules, chiffres, mots mis en relief par l’utilisation du gras, du soulignement, de l’italique ou de la couleur) sont des signes qui permettent de repérer les noms propres (personnages et lieux), les dates, les données chiffrées (statistiques, quantités diverses), les mots importants du texte sur lesquels il faut concentrer l’attention ;
La ponctuation à travers les signes qui dominent dans le texte, mis à part les points et les virgules (parenthèses, points d’interrogation, guillemets, tirets, etc.) et qui permettent de repérer le type des phrases, et donc le type du texte ;
- les visuels (photos, cartes, plans, schémas, dessins, graphiques, etc.) que l’on peut classer en trois catégories : visuels complémentaires, qui sont importants parce qu’ils ajoutent de l’information au texte ; visuels redondants, qui ne font que répéter le contenu du texte, qui en est souvent le commentaire ; visuels accompagnateurs, qui n’ont aucun rapport avec le texte, soit parce qu’ils introduisent un autre thème, soit parce qu’ils servent simplement d’ornement et ne jouent qu’un rôle esthétique.
C’est à partir de ces indices, que l’on va anticiper sur le contenu du document en formulant des hypothèses qui seront vérifiées au fur et mesure que l’on avancera dans la lecture et l’exploitation du texte.