En Algérie, dans les années 1930, Aïni, la mère du jeune Omar, et d’autres locataires, habitent Dar-Sbitar, une grande maison où tous sont pauvres. L’histoire est racontée par Omar.

 

Aïni déclarait souvent :

— Nous sommes des pauvres,

Les autres locataires Pa fil.-! liaient aussi.

Mais pourquoi sommes-nous pauvres? Jamais sa mère, ni les antres ne donnaient de réponse.  Pourtant c'est ce qu’il fallait savoir. Parfois les uns et les autres décidaient : C'est notre destin. Ou bien : Dieu sait. Mais est-ce une explication, cela ? Omar ne comprenait ce qu’on s’en tînt à de telles raisons. Non, une explication comme celle-là n'éclairait rien. Les grandes  connaissaient-elles la vraie réponse? Voulaient-elles la tenir cachée ? N'était-elle pas bonne à dire ? Les hommes et les femmes avaient beaucoup de choses à cacher ; Omar, qui considérait cette attitude comme de la puérilité, connaissait tous leurs secrets.

Ils avaient peur. Alors ils tenaient leur langue. Mais de quoi avaient-ils peur?

Il en connaissait, des gens comme sa famille, leurs voisins et tous ceux qui remplissaient Dar-Sbitar, des maisons comme celle-là et des quartiers comme le sien : tons ces pauvres rassemblés ! Combien ils étaient nombreux !

— Nous sommes nombreux ; personne qui sache compter suffisamment pour dire notre nombre.

Une émotion curieuse le pénétra à cette pensée.

Il y a aussi les riches ; ceux-là peuvent manger.

Entre eux et nous passe une frontière, haute et large comme un rempart.

Ses idées se bousculaient, confuses, nouvelles, avant de se perdre en grand désordre. Et personne ne se révolte. Pourquoi ? C'est incompréhensible, Quoi de pins simple pourtant ! Les grandes personnes ne comprennent-elles donc rien? Pourtant c'est simple !

simple ! C'est simple.

Mohammed Dib, La grande maison, Paris, © Editions du Seuil, 1952.



Support    : Extraits romanesque de M. Dib

Objectif: réinvestir les procédés d’énonciation, les procédés syntaxiques et les procédés de ponctuation pour répondre aux questions :

1-      Quel est le titre du roman d’où ce passage est extrait ? A quoi vous fait-il penser ?

2-      Lisez le chapeau :  où et quand se passe l’histoire ? présentez les personnages. Où et comment vivent-ils ?

3-      Que savez-vous de l’Algérie à cette époque ?

4-      A quelle personne est écrit le texte ?

5-      Lisez les deux parties qui commencent par un tiret : quel constat est fait ?

6-      Soulignez la première question, puis lisez la phrase suivante. A qui renvoie « nous ». ? Que pensez-vous des réponses données par « les un et les autres »

7-      L’auteur emploi l’imparfait et le présent : à quel moment et pourquoi ?

8-      Expliquez la phrase : « Entre eux et nous passe une frontière, haute et large comme un rempart. »

9-      Quelle est la réaction des locataires de Dar-Sbitar face à leur vie ? et quelle est celle de Omar

10-  A votre avis, pourquoi Dib a-t-il choisi de raconter l’histoire du peuple algérien du point de vue d’un enfant (Omar) (Consultez la biographie de l’auteur et le contexte de l’époque)

11-  Dans les répliques de 7 à 12, sur quel point s’opposent la mère et le père ?

12-  Dans cette discussion, les parents laissent-ils l’enfant donner son avis ? Quelle serait sa réponse selon vous ?


Last modified: Monday, 1 January 2024, 9:43 PM