« Les contes remplissent une fonction symbolique importante, essentielle pour nous permettre de nous réconcilier non seulement avec notre passé mais aussi avec notre vie actuelle. Un conte peut permettre de se découvrir, peut-être aussi de s accepter. » (Salomé, 2014, quatrième de couverture).

Si la voix mélodieuse des vieilles conteuses commence petit à petit à perdre sa mainmise sur la narration du conte, le travail d’écriture et de réécriture auquel se livrent certains écrivains tente, par le truchement de certains procédés narratologiques, de pérenniser l’écho de cette voix dans l’univers du récit, octroyant ainsi à ce genre littéraire que l’on croyait moribond un autre souffle vital susceptible d’accélérer sa résurrection dans le monde des belles lettres.

Dans cette optique, il va sans dire que conter et raconter a de tout temps, et dans toutes les cultures, été dans un but de divertir l’auditoire. Les enfants demandent toujours à ce qu’on leur raconte une histoire en guise de distraction. C’est pourquoi la fonction première, que l’on attribue au conte et qui aurait tendance à en faire oublier les autres, reste la fonction ludique. Néanmoins, une autre fonction non moins importante se voit réserver une place de premier plan dans le conte algérien : C’est la fonction thérapeutique.

Les drames exposés par les conteuses ont comme un effet cathartique sur l’auditoire qui va se libérer de ses propres angoisses et de ses affects refoulés. Le discours du conte va en quelque sorte atténuer les tensions liées aux contraintes de la société traditionnelle qui seront relativisées dès lors qu’il s’agit de la préservation de valeurs ancestrales dont dépend l’harmonie du groupe. (Mehadji, 2007, p. 442).

En effet, dans ce XXIème siècle, siècle où les femmes algériennes vivant toujours dans une société close où les libertés individuelles sont restreintes, des femmes de lettres à l’instar de Zoubeida Mameria se frayent un chemin dans le paysage littéraire algérien en insufflant un nouvel air dans l’écriture littéraire en Algérie. En fait, c’est en rompant avec les problématiques traditionnelles de l’impérialisme, du colonialisme que Zoubeida Mameria inscrit ses textes sous une perspective à la fois postcoloniale et postmoderne.

Nous projetons donc dans le cadre de la présente étude de démontrer que les textes contiques de l’écrivaine Zoubeida Mameria font office de thérapie et par le biais desquels l’auteure de Contes du terroir algérien (Mameria, 2013) se tourne vers de nouveaux questionnements. Aussi, si nous optons dans cette recherche pour une investigation sur la dimension thérapeutique du conte, c’est pour voir comment l’écriture peut être un moyen de guérison.

Il importe d’abord de signaler que le choix de l’auteur s’explique principalement par le fait que Zoubeida Mameria se livre dans la plupart de ses œuvres littéraires à une critique acerbe des phénomènes sociaux qui rongent la société algérienne à l’aune du XXIème siècle. Se détachant ainsi des traditionnels questionnements sur la guerre, l’émancipation et la liberté, Zoubeida Mameria se tourne vers une écriture postcoloniale nouvelle dont l’esthétique repose essentiellement sur la subversion.

D’autre part, notre intérêt pour cette thématique qui tourne autour de l’écriture thérapeutique chez Zoubeida Mameria s’explique par notre désir de mieux cerner cet imbroglio que cultive ce genre de récits qui enchevêtre le fictif et le factuel, qui proscrit les frontières entre l’imaginaire et le vraisemblable dans le sens où Contes du terroir Algérien est un véritable recueil de récits, de mœurs, de traditions qui retracent moult particularités et anomalies sociales. En d’autre mots, nous avons opté pour ce corpus dans la mesure où de par sa critique de la société postcoloniale, Contes du terroir Algérien est une thérapie qui a permis à Zoubeida Mameria de dire, de se dire et de soigner ses maux à travers les mots de ses récits.

Afin de rendre compte des vertus thérapeutiques de l’art du conte pour Zoubeida Mameria, nous porterons, dans un premier temps, une attention particulière au concept de l’Art-Thérapie, notamment sur la réflexion de Jean-Pierre KLEIN. L’objectif étant de faire la lumière sur les vertus thérapeutiques du recueil Contes du terroir Algérien.

Dans un deuxième temps, moyennant l’approche sémiologique de Philippe Hamon, nous nous intéresserons l’étude de certains personnages populaires des contes algériens à l’instar de l’ogresse afin de prouver que ces personnages fictifs renvoient au vécu de la conteuse algérienne. Des personnages qui traduisent le mal-être de l’écrivaine mais par le biais duquel, cette dernière soigne son malaise en extériorisant son désarroi.

 


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