- Mots graphiques /mots linguistiques :

Il s’agit, dans ce point, de mettre l’accent sur la désignation du mot en tant que « suite de caractères délimitée par deux espaces » et sa distinction de l’unité linguistique. En effet, la définition correspond au mot graphique, mais elle n’implique pas forcément l‘unité linguistique.

Ainsi dans l‘énoncé « nous avons mangé hier des pommes de terre » (exemple emprunté à
A. Rey dans sa Présentation du Petit Robert, 1967), le typographe comptera 08 mots
graphiques: « nous/ avons/ mangé/ hier/ des/ pommes/ de/ terre/ ». Le linguiste, lui,
comptera 05 mots linguistiques car chacun des groupes qui suivent sera analysé comme
une seule unité linguistique (donc comme un seul mot) : « nous/ avons mangé/ hier/ des/
pommes de terre/ ». Nous pouvons en effet remplacer cet énoncé par un autre équivalent du
type « nous/ mangeons/ aujourd‘hui/ des/ carottes/».

-          Critères phonologiques :  

La phonologie ne sera pas d'un grand apport pour distinguer les mots dans une phrase. En
effet, à l‘oral, les phrases suivantes peuvent être segmentées de façons différentes selon le
récepteur et l‘interprétation qu‘il fait de la séquence qu‘il a entendu: « ton manteau est
ouvert » et « ton manteau est tout vert » sont des énoncés homophones (se prononce de la
même manière). Il en est de même pour : « j‘ai tout fait / j‘étouffais ; une personnalité / une
personne alitée ; un inconnu / un nain connu.

Les exemples cités (et même avec d’autres) confirment qu’il sera difficile de marquer correctement la segmentation des phrases que nous entendons, mais il serait beaucoup moins difficile avec des locuteurs natifs.

-          Critères sémantiques :  

On ne peut pas non plus s'appuyer sur des critères sémantiques pour définir le mot. Il ne
s'agit pas d'une unité de sens. Sinon comment expliquer l'existence de signifiés discontinus
appelés traditionnellement mots composés comme « chemin de fer » (le rail) ; « machine à

coudre » ; « petit déjeuner » ; « deux-roues » ; « quatre temps »..., dont les unités sont
inséparables ?

On ne peut pas dire : chemin de (vieux) fer sur le modèle de chemin de pierres, chemin de vieilles pierres. Le premier groupe est un mot composé (une seule unité lexicale dont les éléments sont insécables (inséparables), le second groupe est un syntagme formé de
plusieurs mots entre lesquels on peut en introduire d‘autres.
Même chose pour le mot « pomme de terre ». Gardera-t-il le même sens, aura-t-on toujours
un seul mot si on sépare les éléments qui le composent par d‘autres « pomme rouge de
bonne terre » ? (lexicologie-sémantique, Ouardia Yermech).


Modifié le: lundi 29 avril 2024, 08:48